Le 1er février 2020, le dernier numéro du quotidien France-Antilles, diffusé en Martinique, en Guyane et en Guadeloupe, est sorti dans les kiosques. Créé en mars 1964, à l’occasion d’une visite en Martinique de Charles de Gaulle, alors Président de la République, il était à ses débuts un mensuel avant de devenir, quelques mois plus tard, en septembre un quotidien. Pendant plusieurs décennies, le journal s’est bien porté avant de subir la crise de la presse quotidienne française dans les années 2000. Au fil des ans, il a accumulé les pertes financières et il n’y a pas survécu puisque le 30 janvier 2020, le Tribunal de Commerce de Fort-de-France a placé le groupe France-Antilles en liquidation judiciaire. Une décision aux conséquences négatives pour les 235 salariés du groupe et qui a un impact sur ses archives.
Un riche patrimoine documentaire qui doit être préservé
Depuis la création du journal France-Antilles en 1964, le volume de ses archives a considérablement augmenté. En 56 ans, ses journalistes ont produit de très nombreux documents. Articles, photographies, annonces, courriers des lecteurs … la quantité est impressionnante d’autant que les informations récoltées concernent tous les secteurs. Elles sont donc très variées et témoignent de l’histoire du quotidien, de la vie aux Antilles et en Guyane. Par conséquent, il est indispensable de les conserver à titre de mémoire. Heureusement, ces archives ont presque toutes été numérisées et complètent les exemplaires en papier des journaux qui ont été gardés. Et pour les documents n’ayant pas encore été numérisés, cela devrait être rapidement effectué. Et normalement, une trace devrait être conservée quelque part grâce aux archives territoriales et à certaines structures, comme la Bibliothèque Schoelcher, qui ont pour rôle de sauvegarder les copies de toutes les publications parues sur le territoire.
Et si finalement le groupe était repris par Xavier Niel ?
Après la liquidation judiciaire, le sort des archives de France-Antilles se trouvait entre les mains d’un mandataire judiciaire. Mais la situation pourrait évoluer car depuis mi-février, l’activité du groupe a été prolongée. En effet, 20 jours après la décision du Tribunal de Commerce de Fort-de-France, un rebondissement a eu lieu et ce dernier a validé la poursuite de l’activité jusqu’au 10 mars. La raison de ce changement ? Une requête en urgence du Procureur de la République en date du 17 février 2020 suite à la lettre d’intention de Xavier Niel, coactionnaire du Monde et fondateur de Free, qui souhaite faire une offre de reprise des actifs du groupe. Bien que le journal ait cessé de paraître depuis le 1er février 2020, il pourrait donc encore être sauvé … ainsi que ses archives. Réponse le 10 mars 2020 lors de l’examen des offres (ou de l’offre si celle de Xavier Niel est la seule) par le Tribunal de Commerce.